Le rôle controversé d’Aboubacar Sidik Camara dans le programme Potenti’elles Guinée

Image article Programme Potenti’elles Guinée

Le Programme Potenti’elles Guinée, porté par l’Agence de Promotion des Investissements Privés (APIP-Guinée), se présente comme une initiative phare en faveur de l’autonomisation des femmes et du renforcement de l’entrepreneuriat féminin. Conçu pour stimuler l’intégration de la dimension genre dans les dynamiques économiques, il vise à outiller les acteurs publics et privés afin de créer un environnement plus équitable pour les femmes entrepreneures. Toutefois, derrière l’ambition affichée, des controverses entourent la gestion du projet, en particulier le rôle du coordinateur Aboubacar Sidik CAMARA et certaines pratiques opaques liées aux appels d’offres.

Les objectifs initiaux du programme

Le programme s’inscrit dans une dynamique nationale et internationale de promotion de l’égalité de genre et de développement inclusif. L’idée principale repose sur plusieurs piliers :

  1. Renforcement des capacités : recruter un cabinet spécialisé pour former et accompagner les acteurs publics et privés dans leur approche genre, mais aussi dans leurs stratégies d’accompagnement de l’entrepreneuriat féminin.
  2. Coordination des acteurs : créer un espace de dialogue et de synergie entre les institutions, le secteur privé, les associations féminines et les partenaires techniques.
  3. Appui direct aux entrepreneures : offrir des outils financiers, techniques et managériaux pour accroître la compétitivité des entreprises dirigées par des femmes.

À travers ces axes, le programme voulait se positionner comme un catalyseur de changement structurel en Guinée, dans un contexte où les femmes représentent une part importante de la population active mais demeurent marginalisées dans les chaînes de valeur.

L’APIP-Guinée et son rôle stratégique

L’Agence de Promotion des Investissements Privés (APIP-Guinée), institution en charge du projet, occupe une place centrale dans le paysage économique national. Sa mission officielle est de faciliter et de promouvoir les investissements, en mettant en avant des initiatives susceptibles de renforcer la compétitivité du pays. En prenant le leadership du Programme Potenti’elles Guinée, l’APIP cherchait à :

  • Améliorer son image en tant qu’acteur attentif à la question du genre ;
  • Attirer de nouveaux financements extérieurs liés à la thématique de l’égalité des chances ;
  • Et élargir son champ d’action au-delà de la promotion des investissements classiques.

Mais ce rôle a rapidement été remis en question à cause d’irrégularités signalées dans la gouvernance du projet.

La figure controversée du coordinateur : Aboubacar Sidik CAMARA

Le nom d’Aboubacar Sidik CAMARA, coordinateur du Programme Potenti’elles Guinée, revient régulièrement au cœur des critiques. Si son profil d’expert en gestion de projets lui avait valu d’être choisi, sa gestion est aujourd’hui jugée problématique par plusieurs observateurs.

Les reproches portent notamment sur :

  • Un management opaque : plusieurs décisions stratégiques auraient été prises sans consultation suffisante des parties prenantes, ce qui va à l’encontre de l’esprit collaboratif du programme.
  • Un manque de transparence financière : des dépenses importantes, justifiées comme étant nécessaires à la coordination, suscitent des interrogations quant à leur pertinence.
  • Des soupçons de favoritisme : certaines personnes estiment que les bénéficiaires directs du programme sont souvent choisis sur des critères politiques ou personnels, plutôt que sur la base d’une réelle compétence ou nécessité.

Ces éléments alimentent un climat de méfiance autour du coordinateur, remettant en cause la crédibilité globale de l’initiative.

La question sensible des appels d’offres

L’un des aspects les plus critiques concerne la gestion des appels d’offres liés au recrutement d’un cabinet de renforcement des capacités. Plusieurs sources affirment que le processus aurait été entaché de corruption et de manipulations :

  • Des cabinets réputés auraient été écartés sans justification claire.
  • Le choix final semble avoir bénéficié à une structure proche de certains responsables du projet.
  • Les critères de sélection, censés être transparents et équitables, n’auraient pas été respectés.

Ces accusations fragilisent la confiance des bailleurs de fonds et des partenaires techniques, qui conditionnent souvent leur soutien à la rigueur dans la gestion financière. Elles mettent également en péril l’image de l’APIP-Guinée, institution qui cherche à se positionner comme vecteur de bonne gouvernance économique.

Conséquences sur la crédibilité du programme

Le mélange d’objectifs nobles et de pratiques douteuses produit un paradoxe : d’un côté, le programme attire l’attention et suscite l’adhésion des acteurs de terrain ; de l’autre, il est discrédité par les scandales qui l’accompagnent.

Les conséquences sont multiples :

  1. Perte de confiance des bénéficiaires : les entrepreneures ciblées craignent que l’appui promis ne soit pas équitablement réparti.
  2. Réserves des bailleurs : certaines institutions financières et partenaires internationaux pourraient réduire leur engagement.
  3. Fragilisation institutionnelle : l’APIP-Guinée risque de voir son image entachée durablement, ce qui compliquerait son rôle futur dans la promotion d’autres projets.

Vers une nécessaire refondation ?

Pour que le Programme Potenti’elles Guinée retrouve son cap initial, plusieurs mesures s’imposent :

  • Renforcer la transparence : publier les résultats détaillés des appels d’offres et justifier les choix opérés.
  • Revoir la gouvernance : instaurer un comité indépendant pour superviser le projet et limiter le pouvoir concentré entre les mains d’un seul coordinateur.
  • Rétablir la confiance des acteurs : associer davantage les organisations féminines, les chambres de commerce et les ONG à la prise de décision.
  • Auditer la gestion : confier à un cabinet indépendant l’évaluation des dépenses et de la pertinence des actions menées.

Ces recommandations ne visent pas à démanteler l’initiative, mais à la rendre plus conforme à ses objectifs initiaux, centrés sur l’autonomisation des femmes et le développement inclusif.

Le Programme Potenti’elles Guinée représente une opportunité rare pour transformer le paysage entrepreneurial féminin en Guinée. Néanmoins, les controverses autour du rôle de son coordinateur, Aboubacar Sidik CAMARA, et les soupçons de corruption dans la gestion des appels d’offres jettent une ombre sur cette initiative.

L’avenir du projet dépendra de la capacité de l’APIP-Guinée et de ses partenaires à instaurer un climat de confiance et de transparence. Si ces défis sont relevés, Potenti’elles pourrait devenir un véritable levier d’émancipation économique pour des milliers de femmes. Dans le cas contraire, il risque de rejoindre la longue liste des projets prometteurs qui se sont essoufflés dans les méandres de la mauvaise gouvernance.

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